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La Presse

Orange ou citron pressé ?

L’humour c’est aussi la marque de fabrique de cet établissement à l’ambiance chaleureuse.

A la question, une réponse s’impose : les deux ! tout est imaginable en effet depuis que Michel Valery, gérant du restaurant Les 3 fourchettes à Cervioni a fait son incroyable découverte : un fruit moitié orange moitié citron. Deux moitiés bien distinctes dans leur couleur et leur forme.

Voilà qui a suscité une vive curiosité sur la place de l’église de Cervioni où se situe le restaurant. La nouvelle s’est répandue rapidement et chacun avait à coeur de voir « la chose » de ses propres yeux, alors que d’autres auraient bien aimé pouvoir goûter le fruit hybride.

C’était sans compter sur la vigilance de Michel Valery, bien décidé à conserver intacte son insolite trouvaille, qui intéressera peut-être les scientifiques de l’Inra.

Le restaurateur cervionais met un point d’honneur à offrir à sa clientèle une cuisine généreuse et issue de produits naturels. Les fruits et les légumes proviennent de son exploitation, la charcuterie est faite maison, le vin issu de la propriété.

C’est à l’occasion de sa cueillette quotidienne que Michel Valery a fait sa découverte. Une variété inédite qu’il entend développer afin d’avoir sur sa carte un mets unique au monde : le citron-orange.

L’humour c’est aussi la marque de fabrique de cet établissement à l’ambiance chalereuse.

Et puis n’oublions pas la devise : « So di Cervioni è po chi ci hè ? »

Jacques Paoli – Corse Matin du 21 mars 2012


Castagniccia – Une terre de pèlerinage

Bonne adresse : Aux 3 fourchettes, Cervione (Haute-Corse) 04 05 38 14 86

« L’âme corse, elle est ici, à l’intérieur de l’île », tonne Ange Colombani sur les marches de sa maison de Valle-d’Orezza, village en cul-de-sac de la Castagniccia.

On entre dans cette châtaigneraie comme on pénétrerait dans un lieu saint : craintif et respectueux à la fois. «Le silence est si impressionnant qu’il vous oppresse», confie Hector Giudicelli, un habitant du hameau de Traminca. Les vertes collines dominées par le San Petrone (1 767 mètres) constituent une terre de pèlerinage pour les Corses.

Dans les couvents des trois pievi – les anciennes circonscriptions religieuses – d’Orezza, d’Alesani et d’Ampugnani s’est joué le destin d’une nation : l’abolition des lois et des statuts génois, la proclamation de Théodore de Neuhof comme roi de l’île de Beauté (ce sera le seul) et celle de Pascal Paoli comme général en chef.

Pendant des siècles, ce royaume des châtaigniers fut la région la plus dense et la plus peuplée de Corse. « Potiers, bergers, vanniers…, chaque village avait sa spécialité. Le commerce reposait sur le troc : les habitants échangeaient des denrées ou des ghjurnate, des journées de travail », raconte Charles Colombani, enfant du pays.

La Castagniccia n’est plus aujourd’hui qu’un théâtre d’ombres. Seuls quelques artisans comme l’humble septuagénaire Denis Moracchini, dernier pipier de Valle- d’Orezza, perpétuent la tradition. Les exploitants des châtaigniers séculaires se font rares. « L’ arbre à pain », planté sous la domination génoise, ne nourrit plus les habitants de la « vallée des Corses ».

Ultime parcelle d’une Corse « authentique », ce massif montagneux hérissé de campaniles et d’églises baroques renferme encore pourtant mille secrets.

Le guide Xavier Santucci lève un coin du voile : « A partir du village de Carcheto, un sentier mène à la cascade de la Stroscia, la seule chute d’eau de la région et le point de rencontre des mazzeri, les sorciers de la nuit ». Ces bergers de la mort sont capables de voir le visage de ceux que la Grande Faucheuse emportera bientôt dans leur communauté.

La Castagniccia, elle, est un pays qui voudrait revivre.

L’Express (N°2924) a parlé de nous, nous les remercions pour leur article et leur publicité gratuite. Par Julien Bordier, publié le 20/07/2007